mardi 30 janvier 2007

Financement du jeu vidéo - 2/4

Deuxième partie du colloque sur le financement du jeu vidéo qui est en fait l'intervention d’Alain Le Diberder.


L’économie du jeu vidéo, ce n’est pas seulement le programme (logiciel) mais aussi tout ce qui concerne le hardware : autrement dit les consoles et les divers accessoires.

Le taux de croissance du secteur jeu vidéo est d’environ 13 à 14% par an.

Dans la production d’un jeu vidéo on peut décrire deux étages.


  • Le 1er étage tout d’abord qui concerne le développement du jeu et qui représente 6 à 15 millions d’€uros.

Cette somme est financée par l’éditeur ou le distributeur. Il s’agit donc d’un financement en aval particulier au secteur. Il y a donc une avance d’argent ou bien l’éditeur va directement proposer un projet pour lancer la pré-production : environ 1 million d’€uros.

Contrairement aux autres média, le jeu vidéo est un produit complexe dont la conception dure de deux à trois ans en moyenne. Pendant cette période jalonnée de « mile stones », la pression des développeurs est constante.

Le marché du jeu vidéo est très particulier : il n’y a qu’un seul marché : la vente du soft. A l’inverse du cinéma, il n’existe pas de chronologie des média. C’est donc une économie très brutale où le point mort est très élevé : soit un millions de pièces vendus dans le monde. Et ce point mort augment bien entendu avec les coûts de production.

S’agissant des dépenses, on peut présenter la ventilation suivante :

- 40 % est consacré aux graphismes, dessins et images ;

- 20 % pour la musique, les textes et le scénario ;

- 20 % pour la technique : c’est-à-dire la programmation ;

- et 20 % pour les tests.

On remarque donc que 60 % des dépenses sont des dépenses artistiques.


· Le 2ème étage : l’Edition

Le marketing peut être très variable entre les jeux.

Ainsi les jeux dits AAA, qui sont les blockbusters du secteur reçoivent en marketing 1 € pour 1 € consacré au développement.

Alors que les jeux dits AAB, c’est-à-dire dont les perspectives de vente sont plus faibles, ont un budget marketing bien inférieur : 1 € consacré au développement correspond alors à 1 centime de marketing.

L’économie du jeu vidéo existe depuis longtemps mais l’actuel modèle économique n’est pas soutenable à long terme.


Les raisons en sont les suivantes :

- tout d’abord le modèle économique actuel induit une concentration importante des acteurs, due à la multiplication des couts de développement ;

- ensuite l’incitation à la création est déclinante du fait de la lourdeur, de la rareté, et de la longueur du cycle de production surtout quand on sait que la durée d’exploitation d’un jeu vidéo est, contrairement au secteur du cinéma, extrêmement courte ;

- enfin il résulte des précédentes observations un risque de perte de qualité des jeux.