lundi 28 mai 2007

Blizzard lance des actions contre les vendeurs d'or


Le problème des biens virtuels dans les jeux massivement multijoueurs a déjà été évoqué ici suite à la décision d'Ebay de refuser de participer à la vente de tels biens.

Le cas présent a trait au problème particulier de l'or virtuel. La société Blizzard, éditrice du célèbre World of Warcraft, a décidé de frapper fort contre les vendeurs d'or. Mais l'angle d'attaque n'est pas celui de la légalité de la vente de biens virtuels.

Cette fois, le problème a été posé en termes de spamming, dont la définition officielle est la suivante : publipostage ou communications non sollicitées, ou plus simplement : l'envoi massif de courriers électroniques non sollicités.

Bien entendu, la pratique du spamming est illégale.

Ainsi l’article L. 34-5 du code des postes et des communications électroniques interdit « la prospection directe, au moyen d’un automate d’appels, d’un télécopieur ou d’un courrier électronique utilisant, sous quelque forme que ce soit, les coordonnées d’une personne physique qui n’a pas exprimé son consentement préalable à recevoir des prospections directes par ce moyen ». Selon l'article R. 10-1 du même code, il s'agit d'une contravention de quatrième classe, punie d'une peine d'amende.

La France a d'ailleurs lancé récemment un site destiné à signaler les spams, bien nommé "signal-spam".

Pour plus de détails sur les moyens légaux de lutte contre le spamming, je vous conseille le dossier très complet du site Juriscom.

Pour en revenir à l'actualité, les vendeurs d'or, appelés aussi "gold farmer" n'hésitent pas à arroser de spams les joueurs, les incitant à débourser des euros bien réels pour l'acquisition d'or virtuel. Ces joueurs se sont alors plaint à Blizzard qui décide d'agir contre ce véritable harcèlement.

Blizzard a donc annoncé directement aux joueurs la nouvelle, par le biais du forum officiel de WOW, à savoir que des poursuites judiciaires sont actuellement en cours contre la société Peons4hire, spécialiste en vente d'or et de personnages dont le niveau est déjà augmenté.

On peut toutefois se poser la question de savoir si l'angle d'attaque choisi sera productif, car l'activité de la société à l'origine des spams n'est pas remise en question.

samedi 26 mai 2007

Plainte contre Microsoft, la Xbox (360) en cause


Une plainte visant le consolier Microsoft vient d'être déposée par une famille américaine de l'Illinois. Celle-ci prétend que l'incendie dont elle a été victime, et au cours duquel l'un des membres n'a pas réchappé, a été causé par la surchauffe du boitier d'alimentation et du cable de la Xbox 360.

La plainte vise l'alimentation et le cable de la console Xbox 360 de Microsoft comme la cause directe et immédiate de l'incendie, ce qui répond parfaitement aux conditions de réparation d'un dommage, encore faut-il en rapporter la preuve. Mais la plainte porte sur un incendie ayant eu lieu en décembre 2004, soit un an avant la commercialisation de la Xbox 360. Il s'agirait alors du premier modèle de Xbox, sur lequel le constructeur avait d'ailleurs eu quelques problèmes concernant l'alimentation. Des rappels de plusieurs millions de cables d'alimentation avait eu lieu pour cause de surchauffe.

Or le fait de viser dans la plainte, le modèle Xbox 360, en lieu et place du modèle Xbox, est une erreur qui pourrait avoir pour conséquence le rejet pur et simple de la plainte.

Attaque contre le Blu-Ray de Sony


Etre constructeur de console, ou "consolier", n'est pas de tout repos.

Les trois filiales de Sony, à savoir Sony Computer Entertainment America (SCEA), Sony Pictures et Sony DADC US viennent ainsi de se voir attaquées par la société californienne Target Technology Company pour violation de brevet concernant le format de disque optique, le fameux Blu-Ray, qui équipe la Playstation 3.

La société californienne estime que Sony a contrefait plusieurs de ses brevets ayant pour objet un film d'alliage métallique à base d'argent ayant un haut potentiel réfléchissant ou semi-réfléchissant ainsi que des propriétés anti-corrosives et utilisé dans la fabrication de disques optiques.

Bien entendu, la société détentrice des brevets (voir la liste sur espace.net) demande à Sony de forts dommages et intérêts ainsi que l'interdiction de toute utilisation future des procédés brevetés, autrement dit l'arrêt de la commercialisation du format Blu-ray. A suivre ...

vendredi 25 mai 2007

P2P : Annulation par le Conseil d'Etat de la décision de la CNIL

Par une décision en date du 23 mars dernier, le Conseil d'Etat vient d'annuler les quatres décisions rendues par la CNIL le 18 octobre 2005 sur la surveillance des réseaux peer-to-peer par les syndicats de la musique : SACEM et SDRM pour les ateurs, SCPP et SPPF pour les producteurs.

A l'époque, les quatre syndicats souhaitaient obtenir de la part de la CNIL l'autorisation "de mettre en oeuvre un traitement de données à caractère personnel ayant pour finalités, d'une part, la constataion des délits de contrefaçon commis par l'intermédiaire des réseaux d'échange de fichiers dénommés "peer to peer", d'autre part, l'envoi de messages pédagogiqes informant notamment les internautes sur les sanctions prévues en matière de délit de contrefaçon".

La CNIL avait alors refusé le dispositif de surveillance proposé au motif que "les traitements envisagés étaient disproportionnés au regard de la finalité poursuivie (...) dans la mesure où [ces traitements] consistaient en une collecte massive de données à caractère personnel sur internet et en une surveillance exhaustive et continue des réseaux d'échanges de fichiers" peer-to-peer.

C'est sur ce motif de disproportion que viennent d'être annulées les décisions de la CNIL.

Le dispositif prévu et alors jugé disproportionné était le suivant : établir une surveillance de certains internautes, dont la liste serait établie après enquête sur le réseaux P2P. Les internautes partageant moins de 50 fichiers musicaux s'en seraient tirés avec un simple avertissement; pour les autres, un contrôle renforcé aurait été alors mis en place permettant de réunir suffisamment de preuves pour engager des poursuites civiles ou pénales.

Le Conseil d'Etat estime donc qu'aujourd'hui la disproportion n'existe plus et que le dispositif est justifié au regard de l'ampleur de la piraterie.

Cette décision qui concerne le domaine musical, pourrait très bientôt avoir un impact sur celui du jeu vidéo. Car si la CNIL a bien donné autorisation au SELL de surveiller les réseaux P2P, les condamnations se font peu nombreuses. D'autre part, la récente affaire Techland marque sans doute le début d'une nouvelle tendance chez les éditeurs : faire surveiller de plus en plus les réseaux P2P.

vendredi 18 mai 2007

Nouveau Gouvernement, et nouveau Ministre de la Culture


La composition du gouvernement du nouveau Premier Ministre François Fillon vient d'être annoncé ce matin. Contrairement à ce qui avait été un temps pendant la campagne, le Ministère de la Culture n'est pas absorbé, et restera autonome.

Christine Albanel succède donc à Renaud Donnedieu de Vabre en devenant Ministre de la Culture et de la Communication. Elle était jusqu'à présent directrice de l'Etablissement public de Versailles (pour en savoir plus sur son parcours : voir le who's who du Figaro ou la biographie du Nouvel Obs).

De nombreux dossiers attendent la nouvelle Ministre, notamment celui du brevet de logiciel et surtout un bilan de la loi DADVSI prévu pour fin 2007 (d'après les réponses données par Nicolas Sarkozy au site candidats.fr).

Christine Albanel aura bien entendu également à charge de continuer le travail de Renaud Donnedieu de Vabre en faveur du jeu vidéo et du "métier de créateur de jeux vidéo", qualifié par lui-même d'"œuvre de création" dans un discours du 13 mars 2007.

mardi 15 mai 2007

Manhunt 2 - Polémique


La prochaine sortie du jeu Manhunt 2, produit par le studio Rockstar dont la réputation sulfureuse n'est plus à faire, commence à faire couler de l'encre. En effet, le jeu est prévu pour sortir sur la dernière console de salon de Nintendo, la Wii, console tournée pour l'instant vers un public familial.

Nintendo France, par la voix de Stephan Bole, son directeur général, ainsi que le SELL dénoncent la sortie du jeu comme "une anomalie".

Le jeu, comme son titre l'indique, place le joueur au coeur d'une chasse à l'homme dont la mise en scène des homicides est particulièrement gore.

Pourtant cette polémique est difficile à comprendre.

Le SELL, représenté par Jean-Claude Larue, estime que l'on "peut s'interroger sur la pertinence de l'arrivée de Manhunt sur la Wii" alors que l'éditeur du jeu, Take Two, respectera la signalétique PEGI mise en place par le SELL et anticipe déjà l'interdiction à la vente aux mineurs. Pas de quoi s'offusquer apparemment, à moins que la pertinence et la facilité de compréhension par le consommateur de la signalétique PEGI ne soit en cause ?

Du coté de Nintendo, Stéphan Bole déclare qu'il ne cache pas son "incompréhension quant à la décision de Take-Two Interactive de proposer ce jeu sur la plate-forme Wii". Pourtant, Nintendo n'interdira pas pour autant la commercialisation du jeu car, avance Stéphan Bole, "cela pourrait constituer une atteinte à la réglementation sur la concurrence". Argument de droit difficile à retenir tant Nintendo est intervenu par le passé sur la question du contenu des jeux édité sur ses consoles. De plus, Nintendo pourrait parfaitement refuser à Take-Two de commercialiser des jeux sur la Wii, et ce en tout légalité, mais cela signifierait aussi tracer un trait sur un éventuel GTA ... Et l'on comprend d'ailleurs d'autant moins la position de Nintendo quand on sait que des jeux comme Resident Evil, au contenu tout aussi adulte, sont prévus sur la Wii.


vendredi 11 mai 2007

Le futur de l'industrie du jeu vidéo


Les élections présidentielles passées, il est temps de nous intéresser à ce qui attend désormais le secteur du jeu vidéo, en particulier au regard des engagements du tout nouveau Président de la République, Nicolas Sarkozy.

Ainsi, on peut relever sur le site de l'UMP, la proposition suivante, au sujet de l'industrie du jeu vidéo.

"Il y a tout d’abord les efforts engagés par la France pour le crédit d’impôt production en faveur du jeu vidéo. C’est une mesure forte dont je soutiens le principe et que les députés viennent d’inscrire dans le projet de loi de modernisation de la diffusion audiovisuelle et de la télévision du futur. Des négociations restent à conduire auprès de la Commission européenne, notamment en ce qui concerne le périmètre des jeux pouvant bénéficier de cette mesure, et j'entends être vigilant sur les critères retenus, afin de ne pas pénaliser l'économie nationale du jeu vidéo.

Au-delà, le jeu vidéo est une industrie encore jeune, et tout reste à construire pour que notre pays lui offre des conditions optimales de développement. Je pense par exemple à la formation aux métiers du jeu vidéo, mais aussi au développement de pôles de compétitivité consacrés à cette activité, à l'instar du pôle Image Multimédia et Vie Numérique d'Ile-de-France, ou encore du projet de pôle « jeu vidéo » initié par Capital Games et Lyon Game. De façon générale, le ministère de la Culture et de la Communication a déjà engagé de nombreux efforts dans le sens de la reconnaissance du caractère culturel du jeu vidéo, et la mise en œuvre des outils nécessaires pour que cette industrie dispose des moyens nécessaires dans un univers mondial fortement concurrentiel. C'est une direction que j'entends poursuivre et intensifier."

Une seconde proposition intéresse également le jeu vidéo :

"Il n’est plus nécessaire de faire la preuve de l'engouement des Français pour le jeu vidéo : avec 15 millions de joueurs français et plus d'un milliard d'euros de ventes, nous sommes face à une révolution culturelle au sens où l’usage du jeu vidéo devient un loisir extrêmement prisé. A mes yeux, cela signifie clairement que le jeu répond à une attente forte, mais aussi que les talents français en matière de création de jeux doivent savoir trouver dans notre pays tes conditions pour se développer sans devoir s'expatrier, et que la distribution des jeux doit respecter toutes les sensibilités. (…)

Le jeu vidéo ne se résume pas aux seuls jeux ultra-violents, bien au contraire. C'est devenu un véritable phénomène de société qui nous réserve des évolutions passionnantes et permet aux joueurs de vivre différentes situations, des plus anodines aux plus extrêmes, sans me parler des mondes, virtuels qui commencent à apparaître. Ce que j'espère, c'est que ce phénomène saura continuer à se développer en harmonie avec les règles de notre société. Les efforts de signalisation des éditeurs comme les politiques de sensibilisation des parents aux risques de certains jeux sont une bonne voie, même si de vraies améliorations restent nécessaires. (…) C'est un sujet que je suis avec une très grande attention : on ne peut transiger ni avec la protection des mineurs, ni avec la liberté des adultes, ni avec la responsabilité des professionnel."

Le nouveau Président, conscient de l'importance tant industrielle que culturelle du jeu vidéo, apparait décidé à soutenir l'industrie du jeu vidéo, à l'aide du crédit d'impôt récemment voté mais dont l'application dépend cependant de Bruxelles, et des jeunes pôles de compétitivité ; tout en restant vigilant sur la signalétique des jeux dont il était déjà question dans la dernière de loi de prévention de la délinquance.

Lors de la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy ne fut toutefois pas le seul à avancer des propositions concernant le jeu vidéo. En effet, Michel Rocard, auteur d'un rapport intitulé "République 2.0 béta" avait également émis certaines recommandations qui sont les suivantes :

"- Mobiliser les mécanismes de soutien à la R&D pour les jeux innovants
- Proposer à nos partenaires européens une approche commune du soutien à cette industrie culturelle particulière : la Grande-Bretagne, l’Allemagne et les pays d’Europe du Nord semblent prêts à travailler collectivement sur ce sujet emblématique, tant sur les aspects de soutien à la création que sur le volet de protection des mineurs.
- Aller au delà du projet minimaliste de crédit d’impôt. Notamment en mettant en place une gamme d’outils de soutien aux studios, ciblant particulièrement leur besoin de financement permanent.
- Faire valoir nos atouts dans la concurrence mondiale, aujourd’hui déséquilibrée par les politiques fiscales très volontaristes de certains pays, ou par la montée dans le paysage des pays émergents.
- Proposer la création d’un compte de soutien sur le modèle de celui du cinéma. Il faudrait en arrêter le principe et les modalités avec l’ensemble des acteurs."